Le Sevrage tabagique
Plus d’un tiers des fumeurs quotidiens ont tenté d’arrêter au cours de la dernière année, et près des trois quarts ont fait une telle tentative au moins une fois dans leur vie.
Malheureusement, la plupart des tentatives d’arrêt du tabac se soldent par un échec, et la majorité des fumeurs doivent faire plusieurs tentatives avant d’atteindre l’abstinence à long terme. Seuls 7 % des fumeurs qui ont essayé d’arrêter de fumer ont réussi pendant 6 à 12 mois.(12)
Le tabagisme : un comportement complexe dont toutes les dimensions doivent être prises en considération dans le processus de sevrage.(13)
Si le fait de commencer à fumer se fait principalement sous l’influence de l’environnement, continuer à fumer est le résultat de l’installation d’une dépendance à la nicotine.
Une fois que la dépendance à la nicotine existe, le tabagisme régulier permet de maintenir des niveaux de nicotine plasmatiques adéquats pour prévenir les symptômes de sevrage. À l’inverse, lorsque les taux plasmatiques de nicotine deviennent insuffisants, des symptômes d’anxiété et de stress apparaissent, ce qui crée un fort stimulus pour fumer une cigarette.
Les anciens fumeurs, qui étaient dépendants à la nicotine, peuvent également ressentir des envies non physiques de fumer, par exemple lorsqu’ils sont exposés à des situations au cours desquelles ils auraient auparavant fumé. Ces envies persistent longtemps après la disparition des symptômes de sevrage et peuvent déclencher la rupture de l’abstinence.
Les difficultés du sevrage(4)
Les fumeurs qui tentent d’arrêter de fumer doivent faire face non seulement à l’aspect pharmacologique de la dépendance à la nicotine, mais aussi aux composantes psychologiques (cognitives, sociales et comportementales) associées à la dépendance au tabac. Le tabagisme est bien plus que l’effet addictif de la nicotine ; l’habitude de fumer, c’est aussi les rituels que chaque fumeur associe à son habitude. Par exemple, les gestes de fumer (sensations tactiles de la cigarette et autres sensations associées aux gestes de fumer) peuvent jouer un rôle important dans la dépendance au tabac, car ils sont généralement effectués d’une manière prévisible et rituelle. Lorsque le fumeur arrête de fumer, la nécessité du rituel existe toujours et c’est une cause importante de rechute.
Les substituts nicotiniques
Ils ne peuvent remplacer les rituels liés à l’acte de fumer. Bien qu’il ne fasse aucun doute que les produits de sevrage tabagique actuellement commercialisés augmentent les chances des fumeurs déterminés à arrêter de fumer, ils manquent apparemment de niveaux élevés d’efficacité – en particulier dans la vie réelle.(14)
Dans les essais cliniques contrôlés, les substituts nicotiniques augmentent les taux d’arrêt du tabac à un an de suivi d’environ 50 à 60 % par rapport au placebo, mais leur efficacité réelle est plus faible. Le patch à la nicotine est la forme la plus couramment utilisée, mais il est moins efficace chez les gros fumeurs (≥ 20 cigarettes/jour).(3)
Les cigarettes électroniques
• Une toxicité nettement inférieure à celle de la cigarette(15)
L’aérosol des cigarettes électroniques ne contient pas les nombreuses substances chimiques irritantes, toxiques et cancérigènes de la fumée de tabac comme les goudrons ou le monoxyde de carbone (de 9 à 450 fois moins). Une étude publiée en janvier 2021 par l’Institut Pasteur a établi que les aérosols générés par les cigarettes électroniques contiennent moins de 1 % des toxiques retrouvés dans la fumée de cigarette.
D’autre part, la e-cigarette ne génère pas de combustion incomplète et donc pas de monoxyde de carbone.
• Une gestuelle préservée
En plus de fournir de la nicotine, les cigarettes électroniques peuvent également remplacer certains des rituels associés aux gestes de fumer (par exemple l’action main-bouche du tabagisme). Pour cette raison, les cigarettes électroniques peuvent aider les fumeurs à rester abstinents pendant leur tentative d’arrêt.(14) Ainsi, en France, 76,3% des vapoteurs quotidiens déclarent que la e-cigarette les a aidés à arrêter de fumer.(16)
• Un intérêt dans le sevrage tabagique clairement mis en évidence dans plusieurs études scientifiques publiées
• Une étude, publiée en 2019 dans la prestigieuse revue médicale New England Journal of Medicine, comparait 886 fumeurs ayant recours soit à un traitement de substitution nicotinique, soit à une vapoteuse de seconde génération (avec 18 mg de nicotine). Dans les deux groupes, les participants assistaient chaque semaine à une séance hebdomadaire de soutien comportemental pendant 4 semaines. Au bout d’un an de suivi, les chercheurs ont constaté près de deux fois plus d’abstinence tabagique parmi les vapoteurs (18 %) que parmi ceux qui utilisaient un traitement de substitution nicotinique (9,9 %). Parmi les abstinents, ceux du groupe « e-cigarette » étaient toutefois plus susceptibles que ceux du groupe « traitement de substitution nicotinique » de continuer à utiliser au-delà d’un an le produit qui leur avait été attribué (80 %, soit 63 des 79 participants, contre 9 %, soit 4 des 44 participants).(17)
• Une autre étude longitudinale réalisée en Angleterre entre 2012 et 2017 chez 1155 participants, publiée en 2021, a montré que l’utilisation des cigarettes électroniques pour le sevrage était plus efficace que les substituts nicotiniques et les médicaments prescrits pour le sevrage tabagique.(18)
• Plus récemment, en 2021, une revue Cochrane a été consacrée à la vape. Elle incluait 56 études ayant porté sur 12 804 adultes fumeurs de tabac. Les études avaient là encore comparé la vape (avec nicotine) à différents traitements destinés à aider à arrêter de fumer : substitution nicotinique, varénicline, vape sans nicotine, soutien comportemental seul et absence de soutien comportemental. L’abstinence à six mois était ainsi plus fréquente dans les groupes « vapoteuse avec nicotine » (trois études) et « vapoteuse sans nicotine » (quatre études) que dans le groupe « substitution nicotinique », ou « avec soutien comportemental seul » (cinq études). En effet, sur 100 personnes utilisant la vape avec nicotine, 10 ou 11 deviennent abstinentes, contre 6 sur 100 pour celles qui utilisent les substitutions nicotiniques ou la vape sans nicotine, et 4 sur 100 pour les personnes qui ne suivent aucun traitement ou ne bénéficient que d’un soutien comportemental.(19)